PHILOTHERAPIE

PHILOTHERAPIE : Article n°11 : « Philothérapie : le bonheur se vend-t-il en temps et en heure ? »

Suite aux articles VIII et XIX portant sur la philosophie comme médecine et l’héritage dont elle pâtit aujourd’hui, j’en viens à m’intéresser à la philothérapie. Étant donné qu’il s’agit aussi du nom de cette rubrique, il convient d’éclaircir ce mot. J’ai ainsi appelé cette rubrique pour montrer qu’il s’agit d’articles de philosophie plus diffuse, moins poussée que les articles de la rubrique « Philopure ». cependant ce mot provient d’une autre idée. Après un cours de philosophie politique et morale à l’université justement sur la philosophie comme médecine et après m’être rendu compte que le philosophe est à l’âme ce qu’est le médecin pour le corps j’ai cru inventé ce terme de « philothérapeute », le médecin des âmes. J’ai gardé cette idée pour la faire murir et fut bien déçu de découvrir plus tard que le philothérapeute existe déjà.
Si les philothérapeutes apparaissent de plus en plus, c’est qu’il y a de plus en plus de besoins de philosophie. Mais de quoi a-t-on besoin conrètement ? Que fait le philothérapeute ? À quoi répond-t-il ?
En grec, philos signifie « aimer » et therapeuien, « prendre soin de ». Le philothérapeute est donc celui qui prend soin de l’autre par amour et par bienveillance. Ceci implique donc une relation de confiance entre lui et son « patient ». A-t-on raison de faire confiance à un tel praticien ? De se mettre à la merci de sa bienveillance ? C’est une question à laquelle nous allons répondre. Plus précisément il revient de savoir si cette nouvelle pratique est légitime, si elle apporte quelque chose de réellement positif pour l’avenir d’autrui comme pour le sien propre. Pour cela, nous allons analyser plus précisément ce qu’est un philothérapeute et ce qu’il fait afin de déceler les points forts et les points faibles de ce qu’il propose à autrui. Nous allons ensuite nous intéresser à la portée de cette nouveauté pour la philosophie elle-même, révélant un manque de hiérarchisation dans cette vaste discipline qu’est la philosophie, manque qui une fois comblé pourrait être une des clefs de son retour en force dans une société en mal de métaphysique (Cf. « Philopure, Horkheimer, La métaphysique comme marché du rêve pour une société accomplie »).

Lorsque je pensais avoir fait une grande découverte, celle de la philothérapie, je m’étais demandé comment expliquer aux gens en quoi consistait ce nouveau mode de thérapie. J’en étais arrivé à la conclusion suivante : le philothérapeute vend du bonheur. C’était très problématique pour moi car cette formule peut-être trop synthétique n’avais pas suffisamment de sens pour quelqu’un qui n’avait pas d’idée très précise de ce qu’est la philosophie et sa pratique. Toutefois, la développer n’était pas simple non plus car expliquer le concept de philothérapie c’est conceptualiser, c’est-à-dire faire de la philosophie. Tellement peu de gens ont une approche convenable de cette science que cette méthode n’était pas non plus très claire pour présenter mon projet. C’est pourquoi j’ai été très curieux de savoir comment les philothérapeutes présentaient la chose quand je me suis rendu compte que mon idée était déjà née ailleurs. Par une relation de confiance, ils proposent plus de conscience et d’autonomie. Il s’agit d’un accompagnement qui se déroule sous la forme de partages d’expériences de vie concrètes de l’accompagné. Pour être clair le philothérapeute apprend à vivre en accompagnant les expériences d’autrui. Cela nécessite une bienveillance qui induit chez autrui un potentiel de confiance en soi pour tendre vers cette autonomie, cette lucidité face à sa vie. Le philothérapeute répond donc à un manque de confiance en soi mais aussi à un sentiment de mal-être et de non-sens face à son existence (Cf. Art. VIII La philosophie comme médecine). Ce praticien ne représente pas une simple mode comme a put aussi le paraître le psychanalyste mais il fait face à un enjeu réel et très important. Comme je me le disais en pensant avoir découvert cette pratique particulière de la philosophie, nous vendons du bonheur au gens. Bien que la position du philothérapeute est légitime nous pouvons nous interroger sur cette intention de bienveillance centrale dans cet enjeu du bien-être d’autrui. La question est celle de l’assurance que le philothérapeute est réellement bienveillant. En effet, comment savoir s’il est vraiment bienveillant ? Comment même définir ce concept de bienveillance en général puis dans le cadre de cette pratique. Pour le moment cette nouvelle discipline reste de l’ordre de l’entreprise personnelle. Il suffit de louer un cabinet et d’afficher sur une petite plaque de métal « Philothérapeute ». L’on pourrait se dire que la différence se fait entre l’écriteau comportant la mention « licencié de philosophie » et celui qui ne la porte pas. Mais tant bien même que le philothérapeute serait obligé d’être diplômé de philosophie pour pratiquer cette médecine de l’âme, il ne nous serait toujours pas dit que sa bienveillance est réelle. Il faut ne serait-ce que se rappeler cette expression « les pires choses imaginables ont souvent été faites avec les meilleurs intentions » pour se rendre compte que prouver sa bienveillance n’est pas chose aisée et assurée. Puisque j’ai parlé un peu de mon expérience quant à mon intuition envers la philothérapie je me permets aussi de vous dire qu’à l’université, les étudiants de philosophie sont parfois loin d’être des personnes bien intentionnées. Certains se croient supérieurs aux autres par la connaissance qu’ils se sont appropriés ou se permettent des jugements quant à la vie des « non-philosophes » dépassant leur prérogative de jeune individus ou même d’apprenti-philosophe. Mais bien que la tâche soit périlleuse et délicate, elle n’est cependant pas impossible. Pour obtenir un minimum de garantie quant à cette prétention de bienveillance du philosophe il est possible de se tourner vers la psychothérapie ou la psychanalyse, discipline fille de la philosophie pour en faire des exemples. Nous pouvons ainsi remarquer qu’un code déontologique est nécessaire à la philothérapie pour qu’une conduite bienveillante puisse s’apprendre et s’enseigner. Il pourrait aussi être question d’être noté ou surveillé afin que ce code de déontologie soit appliqué rigoureusement. Nous pouvons aussi remarquer que ce soucis de bienveillance des intentions est aussi le problème de toute thérapie, qu’elle n’est pas uniquement imputable à la philothérapie. Et quand on voit toute la difficulté qu’a pu avoir et qu’a encore la psychanalyse à se faire reconnaître comme sûre de sa bienveillance on peut se douter que le chemin sera long pour la philothérapie.

Intéressons-nous à présent à ce que la philothérapie peut apporter à la philosophie elle-même. Comme nous venons de le voir il serait intéressant pour la philothérapie de se hiérarchiser, de se responsabiliser et nous allons aussi voir que cela peut aussi intéresser la philosophie elle-même en tant que mère de la thérapie. Par exemple les responsables chargés du contrôle de l’application du code de déontologie pourraient être les philosophes chercheurs des universités. Et pour ces chercheurs les praticiens représenteraient une sorte de clinique qui alimenterai leurs travaux d’une dimension pratique toute nouvelle. Pour comprendre l’importance d’un organigramme et de la définition des rôles nous pouvons faire à nouveau l’analogie avec la médecine. Imaginons qu’en médecine tous les praticiens aient le même nom. C’est-à-dire que docteur, infirmière, sage-femme, chirurgien, kinésithérapeute, radiologue, anesthésiste ou encore psychothérapeute, chercheur en cancérologie et aide-soignant seraient tous appelés médecin, sans autre distinction nominative. Cela conduirait à ne pas pouvoir définir les spécialisations, les rôles, les fonctions et les importances de chacun avec tous. À mon sens il en va de même pour la philosophie. Comme le mot médecine, la philosophie est vaste d’un puis de savoir qu’il convient d’ordonner. L’ordre c’est l’efficacité, la précision. Pour paraître utile, le problème relevé dans l’article XIX sur l’hétitage de la philosophie, celle-ci doit être ordonnée. Pour se faire une idée de cette organisation, nous pouvons déjà distinguer les grands professeurs et chercheurs d’université, les enseignants de lycée, les journalistes à formation philosophique, et pourquoi pas aujourd’hui les philothérapeutes et demain des unités de contrôle et encore de nouvelles strates pour l’avenir jusqu’à faire de cette science de la pensée ce qu’est la médecine aujourd’hui. Forte de sa structure, la philosophie pourra alors se refaire une place dans toutes les strates de la société et agir aussi concrètement et efficacement. Bien sûr si cela doit se faire, ce sera progressivement. Mais c’est une démarche à entamer franchement si elle est vraiment jugée pertinente.

Par ces deux enjeux, celui de la bienveillance du philothérapeute et ce que cette nouvelle pratique de la philosophie peut apporter à la philosophie elle-même il paraît important de s’intéresser à cette discipline et de ne pas la considérer trop vite comme l’effet d’une mode ou un phénomène éphémère. Il est entendu qu’il y a beaucoup à faire ne serait-ce que concernant ce code de déontologie de la philothérapie qu’il convient de créer et de mettre en place. Mais c’est là un signe supplémentaire qui montre que la philosophie n’est pas une sorte de langue morte que l’on mémorise par plaisir ou mélancolie. Bien au contraire c’est une science qui, à l’instar de la médecine aura un avenir tant que les Hommes auront des maux, tant qu’ils seront mortels.

Comme vous commencez à bien le savoir, je suis toujours disposé à répondre de façon constructive à vos réactions qu’elles soient critiques, objectives ou de quelque autre nature.

En vous remerciant de votre fidélité,

Loac

3 réflexions sur “PHILOTHERAPIE : Article n°11 : « Philothérapie : le bonheur se vend-t-il en temps et en heure ? »

  1. J’ai moi aussi eu la réfexion de se mots que j’écris (philosoterapeut) mes sachant que les terme ont une grande importance en littérature je suppose que ce n’est peut-être pas la même chose mais quel peut si référer

    Comme c’est un sujet ressent je propose de créé un groupe de personne qui se consacre à cette discipline afin de développer une discution et écrire un livre en association a ce sujer, puis ovrir des cabinets qui resterais en colaboration

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  2. J’ai moi aussi eu la réflexion de se mots que j’écris (philosoterapeut) mes sachant que le terme ont une grande importance en littérature je suppose que ce n’est peut-être pas la même chose mais quel peut si référer
    Comme c’est un sujet ressent je propose de créé un groupe de personne qui se consacre à cette discipline afin de développer une discussion et écrire un livre en association a ce sujet puis ouvrir des cabinet en collaboration

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  3. Bonjour Paguiel,

    Je m’avoue surpris par ta proposition. Il est vrai que pour plaisanter j’avais inventer cette profession suite à un cours sur « la philosophie comme médecine » car le philosophie est à l’âme ce qu’est le médecin pour le corps. Mais après quelques recherches je me suis rendu compte que non seulement cela existait déjà mais que même le mot je ne l’avais pas vraiment inventé, en tout cas pas le premier. De fait il y a des problème quant à cette fonction, déjà d’ordre ontologique et puis sur le plan de la définition précise de l’activité et la façon de la proposer aux gens. Car la philosophie, si elle est un médicament, elle n’est pas non plus un cachet à prescrire. Tout ce que l’on peut prescrire c’est la façon de créer ce médicament, pas le médicament lui-même. Je songe notamment à la maïeutique socratique, cet art de faire accoucher les âmes de ce qu’elles portent déjà en leur sein.
    Mais l’idée et la discussion qui en résulte sont très intéressants.
    Par ailleurs je ne suis pas sûr de comprendre l’intérêt de rédiger un livre et pour cela de réunir « des gens ». Qui ? Pourquoi ? Et pourquoi veux-tu ouvrir des cabinets ? Sais-tu que cela existe déjà ? Et si je peux me permettre, quelles sont tes compétences en la matière car je ne suis pas sûr de moi-même pouvoir prétendre à une telle activité.
    En tout cas je trouve que ta motivation est tout à fait louable. Merci beaucoup pour cette proposition.

    En attendant ta réponse, je t’adresse mes meilleurs sentiments,

    Bien à toi,

    Loac

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