Le Bac Philosophie : Programme des notions

L’histoire : Entre vécu et récit : Deuxième partie : « La compréhension historique »

Deuxième partie : la compréhension historique

Sommaire :

A. « L’histoire objective et l’histoire subjective », Hegel, La raison dans l’histoire

B. Expliquer et comprendre en histoire.

A. « L’histoire objective et l’histoire subjective », Hegel, La raison dans l’histoire.

Pour Hegel l’histoire est objective quand elle est réfléchie et elle peut l’être de quatre façons :

  1. Par l’intermédiaire de documents :

Les documents doivent d’abord être discuté dans leur authenticité et vérifié dans leur dire. Il faut donc toujours multiplier les sources et les confronter pour les vérifier. Si elles convergent alors l’information fait système et elle est validée.

  1. Le recul de l’historien par rapport au passé :

Pour que la raison soit pleinement effective ou efficace, il faut essayer de considérer le passé sans passion. Le recul par rapport à l’objet d’étude permet mieux cela, c’est-à-dire cette rationalisation de l’étude et cette absence de passion pour que les passions ne puissent pas interférer dans l’étude. Il s’agit pour l’historien d’établir des faits, de déduire et de traduire.

Ce recul permet de dépassionner l’étude ce qui contribue à gommer l’historien. La relation (relater ce qui s’est déjà produit) du passé ne doit pas avoir d’auteur.

  1. Par le ou les témoignages d’acteurs ou de témoins :

Ce ou ces témoignages ne doivent pas être repris tels quels mais ils doivent être recoupés. Comme pour les documents il s’agit d’établir la preuve de leur authenticité ou de leur véracité par la confrontation.

  1. Par l’existence d’histoires antérieures :

Il s’agit ici par exemple de livres d’historiens qui deviennent eux-mêmes des documents.

L’histoire est subjective lorsqu’elle devient originale (l’histoire s’écrit en même temps qu’elle se vit) et de la même manière que précédemment il y a trois éléments :

a) Lorsque l’historien est aussi l’homme politique ou l’homme d’Etat :

1er exemple : César écrit et fait la guerre des Gaules.

b) Lorsque l’historien est contemporain des évènements qu’il relate :

Thucydide a écrit La guerre du Péloponnèse d’une façon subjective au sens où Thucydide était athénien et que la guerre se déroulaient entre Sparx et Athènes.

c) Lorsque l’histoire est faite sous forme de chroniques, au jour le jour :

Au Moyen-Âge l’église se chargeait de la chronique du temps.

En fonction de cette nuance, de cette distinction nous pouvons dire que ce qui caractérise le passé humain par rapport à tout autre c’est le fait qu’il porte sur des êtres pensant ayant ayant déjà plus ou moins pensé leur époque. Il n’y a pas de passé humain totalement impensé : en effet à chaque époque les hommes travaillent, créent, produisent, ce qui les amènent à réfléchir sur ce qu’ils font. De même pour nous aujourd’hui avec la médiatisation nous sommes conduits à penser notre temps.

Le problème soulevé par ce constat est celui de savoir si la pensée vieillie c’est-à-dire si l’historien comprend vraiment ce qu’il prétend relater. Il y a nécessairement un décalage entre la pensée impliquée dans la vie (contemporaine) et la pensée descriptive de la vie (celle de l’historien).

En effet les contemporains pensent toujours en partie ce qu’ils vivent et les historiens par le recul cherchent à penser ce qu’ils n’ont pas vécu. Il faut savoir qu’il n’est pas évident de penser ce que l’on a pas vécu mais à l’inverse il n’est pas plus évident de penser ce que l’on vit, de comprendre ce que l’on vit.

L’historien a donc toujours à faire à deux types d’histoire, d’une part une déjà déjà pensée et toujours à repenser, celle des historiens et des chroniqueurs, et d’autre part une histoire de plus en plus lointaine par rapport à l’historien et sur laquelle on ne possède pas nécessairement de documents. Par exemple l’histoire des origines est une histoire difficile à écrire. Généralement on oppose l’histoire au mythe.

Le travail de l’historien consiste donc à retracer la vie du passé mais en y introduisant malgré lui une pensée déjà travaillée par le temps, la sienne. Ce qui nécessairement modifie la perception du passé, ou en tout cas crée un décalage entre la pensée de l’historien et celle des hommes qui l’étudient.

B. Expliquer et comprendre en histoire :

Il y a donc un déplacement inévitable de la raison des événements dans le discours historique entre ceux qui ont vécu et ceux qui relatent, de la même manière qu’il existe une différence entre l’explication historique et la compréhension historique.

Expliquer revient à se placer du point du vue de la raison c’est-à-dire des enchainements logiques des évènements.

À cet égard on distingue dans cette explication la cause profonde et la cause apparente. La cause apparente est donc celle qui déclenche l’évènement, par exemple une guerre, et la cause profonde, plus inapparente au commun des mortels est celle qui rend possible l’enchainement des évènements. Paradoxalement la différence entre ces deux types de causes explique ce qu’elle ne comprend pas forcément. En effet elle rend compte d’enchainements logiques qui ont davantage de valeur pour ceux qui n’ont pas vécu puisqu’ils se placent du point de vue de la raison et en dehors de toute passion.

L’explication en histoire dépassionne le vécu en ce sens qu’elle explique davantage pour ceux qui n’ont pas vécu les évènements.

Simmel précise que l’explication se place du point de vue du mobile des actions (un mobile pour lui est rationnel).

La compréhension historique se place en revanche du point de vue des hommes et donc finalement des passions. Comprendre revient à pouvoir se mettre « à la place de », et cela finit par signifier « pouvoir partager ». il est difficile de pouvoir comprendre certains évènements même si on peut les expliquer. La compréhension implique partage du vécu tandis que l’explication qui prend du recul par rapport au vécu se place volontiers du point de vue de l’enchainement. Il est donc parfois plus facile d’expliquer que de comprendre.

Remarque : Ainsi, à trop expliquer peut-être finit-on par justifier ou par excuser ou peut-être encore par obscurcir.

L’historien tente donc de restituer les enjeux, de les replacer dans des contextes qui sont les leurs. De là la distinction entre expliquer et comprendre. L’historien déplace l’histoire vécue au profit d’une histoire réfléchie afin d’en dégager un sens.

Le soucis du sens est un soucis de la raison. Le soucis de compréhension revient donc subrepticement comme un soucis de sens. Le déplacement historique, c’est-à-dire des explications permet par ce détour de mieux voir la raison des évènements. L’intérêt de ce détour est d’insister et de grossir implicitement les faits et en même temps d’éduquer. L’homme crée toujours une forme de ces universel par le souvenir.

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