Le Bac Philosophie : Programme des notions

Autrui : Qui est l’autre ? Première partie : La connaissance instantanée d’autrui

Autrui : Qui est l’autre ?

Sommaire :

Approche sociologique du sujet.

1ère partie : La connaissance instantanée d’autrui.

A. Les signes extérieurs.

B. Les signes intérieurs

Approche sociologique du sujet :

Pourquoi chercher à connaître l’autre si ce n’est parce que nous ne sommes pas seul au monde, parce que nous sommes constamment en rapport avec autrui ? L’autre est toujours une autre conscience mais il a plusieurs « visages » : mon parent (un autre pour moi), mon ami, celui qui me commande, l’étranger etc.

Dieu, l’Etat… dans tous ces cas de figure l’autre n’est pas le même mais il m’influence, occupe mes pensées ou me juge.

Il n’y a pas de pure conscience individuelle, chacune étant confrontée constamment à l’autre même dans un rapport abstrait comme celui avec dieu dans la prière ou dans un rapport d’échange lorsque nous achetons ou vendons quelque chose, l’Etat prélève toujours sa taxe.

Avec le soucis des autres nous changeons de problématique, nous passons en quelque sorte du problème de la connaissance objective à celui de la connaissance subjective. Comment connaître un être qui à la fois comme soi et différent de soi, qui est aussi une conscience mais en même une autre conscience. Comment connaître ce qu’il se passe dans la conscience des autres ?

Le sociologue allemand du XIXe siècle Simmel dans son important ouvrage intitulé Sociologie se demande à quelle condition une société est possible et il constate qu’il suffit que les individus aient une connaissance ou une illusion de connaissance pour vivre les uns avec les autres. Autrement dit il suffit que les individus aient des préjugés favorables pour faciliter la vie commune.

Paradoxalement le problème est que les préjugés peuvent contribuer à la socialisation. Une apparence favorable peut être suffisante car la société se fit aux apparences.

La société est paresseuse.

L’apparence donne des informations sur soi (tant bien même ne serait-ce pas les bonnes). Il y a donc deux façons d’aborder l’autre ; son apparence ou son langage.

1ère partie : La connaissance instantanée d’autrui :

A. Les signes extérieurs :

Le comportement, la physionomie ou encore les gestes donnent un ensemble d’indications sur soi et sur les autres. En ce sens le corps est un signe, un indicateur (indiquer signifie montrer une direction).

Le comportement c’est-à-dire la manière de se conduire donne des indications sur son caractère ou bien sur son éducation.

Les signes extérieurs renvoient donc à des apparences, sont générateurs d’apparences et elles sont donc souvent contradictoires. On peut même comprendre l’inverse de ce qui est ; un visage crispé peut tout autant signifier la douleur que le soucis, comment savoir ? On a tendance avec ce genre de signe à interpréter le tout par une partie.

Les expressions s’inscrivent dans cette logique, celle de la métonymie (juger du tout par la partie). Dans tous les cas les expressions que l’on a à partir d’une observation du corps de l’autre ou de son comportement sont des interprétations de ce que l’on croit comprendre ou connaître de l’autre. Il faut distinguer dans l’apparence des corps le comportement toujours plus ou moins conscient (on ne se voit pas paraître) des gestes codés que l’on peut faire et donc des intentions de signification.

Si l’on n’en reste qu’à l’apparence du corps, on peut avoir des préjugés. Les rumeurs se nourrissent des apparences. Dès qu’un individu rentre en société (quand il travail par exemple) il s’expose, prête flan car quelqu’un d’autre aura une emprise, une vue sur vos apparences. De fait prête-t-on flan à la rumeur, à l’opinion publique. Les apparences livrent des informations et les informations sont souvent confondues avec des connaissances.

En revanche quand les gestes sont codés les individus envoient des messages dont le sens préexiste au geste.

L’interprétation des code devient une affaire de traduction et les codes varient selon les cultures. Lorsque les gestes sont collectifs on a par ailleurs l’impression de partager des valeurs communes : par exemple les briquets allumés lors d’un concert, la « hola » dans les gradins etc.

Paradoxalement dans ce genre de partage en commun toute individualité est mise au profit de la masse. Ce partage commun est aussi une forme de dépersonalisation. Les arts permettent éventuellement ce type d’affections collectives, de partage de valeurs, d’enthousiasme, qui émeut, ravit etc. Il y a pour les sentiments comme pour les corps des effets de masse, les émotions se communiquent, la tristesse comme le rire.

Peut-on à partir de ces comportements, de ces gestes, connaître véritablement autrui ? Sans doute accède-t-on à la part irrationnelle de l’autre sans nécessairement la partager. On peut ainsi connaître ou reconnaître la colère d’autrui sans la vivre, c’est-à-dire sans la comprendre.

B. Les signes extérieurs :

Paradoxalement il est plus difficile de connaître un individu isolé que pris dans un ensemble. La singularité est toujours plus intelligible que la conformité, la ressemblance etc.

Si nous relevons notre intériorité c’est parce que nous sommes des être en relation et en rapport constant avec d’autres. Les autres opèrent une pression par rapport à soi ne serait parce qu’ils me jugent, ou me voient tout simplement vivre. De la même manière nous recherchons constamment l’approbation des autres, leur amitié ou leur amour. Sans doute le langage est-il l’expression de cette nécessité et par lui nous dévoilons de notre intériorité (même si ce dont on parle ne nous concerne pas directement on révèle toujours des choses de soi).

La parole relie, rattache et se pare ou divise aussi de la même manière qu’elle détermine la provenance d’individus (la culture).

La parole fait la culture c’est-à-dire que paradoxalement elle nous structure et fait survivre à travers nous le passé, les traditions. Ce signe intérieur devient aussi un signe extérieur. Par le langage on accède donc à l’intériorité du sujet, peut-être même à sa personnalité.

Le langage devient un intermédiaire entre l’intériorité et l’extériorité, entre soi et les autres. Il est même la preuve de notre implication parmi d’autre ou encore la preuve de l’influence des autres sur soi : un langage est une propriété collective.

Avant même de parler à quelqu’un, nous parlons par les autres. La langue provient du passé, les mots ont une histoire. Au fond, la langue parle malgré soi, on en dit toujours plus que ce que l’on croit dire.

Elle exprime notre rapport à notre passé en relevant notre rapport au groupe. Nous sommes constamment dans un rapport d’enveloppement, nous ne parlons pas tout seul, nous appartenons à une famille, un milieu, une collectivité, une communauté, une nation, une espèce…

L’individu est le résultat de ces croisements, la personnalité se construit de façon hybride. C’est la raison pour laquelle ce que nous sommes est à la fois la conséquence de ces enveloppements mais en même temps ce qui cherche toujours en s’en dégager. Nous sommes constamment en quête d’autonomie, d’indépendance, de liberté : l’enfant cherche à imiter ses parents, l’adolescent à s’en libérer et l’homme âgé cherche à se rapprocher des autres.

L’intériorité du sujet se construit grâce aux autres, dans sa part rationnelle cela va de soi, mais peut-être surtout dans son affectivité, les sentiments s’apprennent dans un partage. Cette part de l’affectif fera davantage la personne que l’individu. L’équilibre des individus repose sur cette part irrationnelle, notre type de rapport aux autres en dépend puisque si nous travaillons avec autrui en n’utilisant pas seulement sa raison nous ne pouvons pas non plus vivre avec autrui que sur le plan des sentiments.

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