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Critique du contractualisme par Hume: vers une critique des fondements philosophiques du libéralisme politique moderne.

philo hume sociétéLa méthode contractualiste n’est pas une technique arbitraire car elle établie la constitution d’une cité déontologique en opposition avec le théologisme perfectionniste. La République de Platon et la Politique d’Aristote sont le rejet d’une vision contractualiste de la société.les critiques antiques portent sur la question de la raison d’être de la cité, aussi Platon et Aristote opposent une vision perfectionniste de la cité, une association d’individus en vue de la perfection de l’excellence de la vie humaine. Il s’agit d’une critique qui porte sur la finalité que le contractualisme assigne et qui, pour le perfectionnisme n’est pas suffisante, il y a plus.

L’intérêt des critiques modernes du contractualisme ce n’est pas tant le rejet du libéralisme, au sens de non-perfectionnisme mais plus profondément la métaphysique sous-jacente, l’idée que la cité est une construction intentionnelle et rationnelle des individus.

Les critiques modernes rejettent deux idées entre-mêlées : l’individu est ontologiquement antérieur à la cité, il possède une réalité indépendamment définissable d’une cité. C’est l’idée que l’individu est antérieur à la cité. Et d’autre part l’idée que la cité est une construction volontaire, rationnelle de part la raison humaine. La cité est donc un artéfact rationnel, un produit de l’art humain.

On va ainsi rejeter l’idée que l’individu est antérieur à la cité. Pour ce faire l’on va aller plus vers un sens ontologique et logique que chronologique. Par conséquent en découle qu’on ne peut définir l »homme en faisant abstraction de la cité. C’est le holisme, l’individu humain ne peut être pensé que comme partie d’un tout.

L’idée que la cité et ses institution sont des constructions rationnelles est critiquée : la cité n’existe pas par nature (Aristote), mais par le processus d’auto-émergence qui s’opère à l’occasion des actes des hommes sans que cela ne dépende pour autant d’une action volontaire de ceux-ci. Il n’est pas vrai que tout ce qui n’est pas naturel est le produit d’un art humain.

La critique du constructivisme, ou de l’artificialisme associé au contractualisme pousse à découvrir que la nature et l’art, la tradition, l’histoire, la providence, la main invisible, l’ordre spontané… ne sont que les avatars d’une même chose, à savoir ceux qui sont responsables de la cité, des institutions sociales, des mœurs qui ne sont ni de la nature ni de l’art. Aucune cause n’est assignée, c’est un processus d’auto-émergence.

C’est-à-dire que derrière ce débat, une métaphysique de l’ordre est en jeu ; l’origine de l’ordre. Pourquoi quelque chose plutôt que rien ? Cette question est l’une de ses emblématiques illustrations. L’ordre est une chose trop complexe pour que ce soit l’homme qui l’ait fait mais ça ne veut pas dire qu’il y ait un dieu ou quelque chose de ce genre.

Hume  : première critique moderne du contractualisme.

philo humeEn philosophie politique Hume (1711-1776) n’occupe pas une place majeure mais le type de critique qu’il formule aura une grande influence au XVIIIe siècle dans la constitution politique écossaise, et plus largement pour le libéralisme politique. Parce que Locke n’est pas exclusivement libéraliste, parce qu’il faut encore laïciser Locke, ce qui s’opère au XIXe siècle.

Le cœur de sa critique est le constructivisme. Hume est le premier auteur à prendre conscience du constructivisme comme tel : que le dualisme entre la nature et l’art ne soit pas complet. Il met en question l’idée que la cité et ses lois soient le produit de l’homme. Ceci implique trois conséquence ; déjà ses successeurs seront obligés de distinguer société et État, ou, société civile et État. L’idée qu’il puisse y avoir société sans État est quasiment inarticulée par les contractualistes modernes. Or ce que Hume permet de penser par cette distinction entre société et État c’est la possibilité de concevoir une société bien ordonnée sans État.

Cette idée va ensuite obliger à préciser le statu de la théorie du contrat social. Hume ne détruit pas totalement le contractualisme mais le distingue comme hypothèse de l’origine des sociétés et fiction rationnelle pour voir la construction des société.

Enfin le troisième effet est de rendre possible les sciences sociales. Il esquisse les conditions ontologiques d’une science sociale. Pour cela il faut une objectivité des institutions sociales, qu’elles soient indépendantes des hommes pour chercher leur origine, pour chercher des lois de maintien de ces institutions sociales.

Sa critique débouche sur l’approche économique de la politique, l’idée que l’existence d’un gouvernement n’exige pas d’autre modèle explicatif que celui qui explique qu’il y a des boulangers ou des pharmaciens. Sa critique se retrouve dans deux textes, Critique de la nature humaine, et dans Du contrat originaire.

D. Hume, Traité de la nature humaine.

Son point de départ, à la troisième partie, c’est le statu des vertus morales, de nos louanges et blâmes moraux. Pourquoi louons-nous la générosité et blâmons-nous l’avarice ? Répondre à cette question suppose pour Hume de situer la moralité et ses jugements d’une part dans la question « Est-ce que ces jugements sont rationnels ou émotionnels ? » et d’autre part dans la question « Est-ce qu’ils sont naturels ou conventionnels ? ».

Les jugements moraux ne se trouvent pas dans la rationalité. Les jugements ne sont pas des théorèmes de la raison mais l’expression de certaines émotions morales, d’une nature spécifique.

S’agissant du second point, « Est-ce que c’est émotions morales sont naturelles ou bien conventionnelles ? » la réponse est plus complexe puisque ça dépend desquelles, il y a des émotions morales naturelles comme la répugnance à voir souffrir et l’approbation de la bienfaisance. Mais il y a aussi des émotions qui ont quant à elles un caractère plus complexe par ce que ce sont en un sens des émotions conventionnelles, acquises mais qui présentent en même temps un élément de naturalité qui fait qu’on ne peut pas les acquérir naturellement.

Hume va développer l’émergence du modèle des institutions contre le contractualisme. Parce que la justice n’est pas naturelle, parce que la justice est liée à des circonstances contingentes, elle ne peut être exigée que dans certaines circonstances qui peuvent ne pas se rencontrer de telle sorte que l’on pourrait rencontrer des hommes qui ne connaîtraient ni le juste ni l’injuste, soit des hommes qui seraient naturellement généreux de façon illimité. Il faut que les choses auxquelles les hommes s’intéressent soient rares, non pas dans une grande abondance que ses projets puissent passer de main en main, qu’il ne puisse en exclure les autre de l’usage. Par exemple on ne peut pas exclure quelqu’un de la lumière du soleil.

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